Des étudiants imaginent la cité cheminote de demain

Publié le par Ludovic Francisco

Réfléchir à quoi pourrait ressembler la Cité cheminote d’ici quelques années : c’est l’objet d’une étude que vient de commander la Sablière à un groupe d’étudiants de Sciences Po. Avec, en ligne de mire pour le bailleur social de la SNCF, une modernisation en profondeur du quartier.


Les habitants de la Cité cheminote ne le savent pas encore. Mais, à quelques kilomètres de leur petit nid douillet, dans le 13e arrondissement de Paris, des étudiants planchent sur l’avenir de leur maison, de leur rue, de leur quartier. Propriétaire des lieux, la Sablière vient en effet de missionner un groupe d’étudiants inscrits en deuxième cycle d’urbanisme à Science Po Paris. La tâche que leur a confiée le bailleur de la SNCF : réfléchir aux possibilités d’évolution et à la valorisation du patrimoine de ce quartier. Un patrimoine très ancien, puisque les premières habitations de la Cité cheminote ont été construites à la fin des années 20. A l’époque, le concept de cité-jardin fleurit en banlieue parisienne, à Stains, à Suresnes, à Asnières et dans bien d’autres communes. Il permet à des milliers de familles ouvrières d’occuper un logement individuel ou collectif au cadre agréable, avec jardins et espaces verts. Ces cités-jardins sont par ailleurs équipées à la façon de vraies petites villes : écoles, crèches, parfois même mairie ou église organisent le quartier.


« Adapter la taille des logements à leurs locataires »

 

En 1926, l’ancienne Compagnie des chemins de fer de l’est démarre la réalisation de son centre de triage de Chelles-Vaires. Le besoin de main d’oeuvre se fait particulièrement sentir. La société ferroviaire fait donc construire 260 maisons, auxquelles viennent se greffer au sortir de la 2nde Guerre mondiale 120 pavillons, puis 500 appartements dans les années 60 et enfin 160 nouveaux pavillons dans les années 80. C’est, en tout, un ensemble d’un peu plus de mille logements individuels et collectifs que le bailleur social souhaite aujourd’hui réhabiliter. « Il ne s’agit pas simplement de se faire plaisir », justifie Guillaume Le Van, qui dirige l’agence seine-et-marnaise de la Sablière. « Aujourd’hui, certaines habitations présentent un certain degré de vétusté. Mais surtout, elles ne sont plus adaptées. Dans les pavillons les plus anciens, l’organisation de l’espace intérieur est typique de l’époque de leur construction. Certains abritent plusieurs familles, qui se sentent parfois à l’étroit. D’autres ménages vivent au contraire dans des logements trop spacieux, et paient un surplus de loyer dont ils pourraient se passer. Cela pose la question de l’adéquation entre les logements et leurs locataires. Il faut revoir tout cela en profondeur. »

 

Des étudiants débarrassés des contraintes des professionnels

 

L’objet de l’étude est donc clairement défini : tenter de déterminer comment le quartier, avec ses rues, ses commerces, ses habitations, peut être réorganisé, « en vue de ne plus avoir à y retoucher avant les 40 ou 50 prochaines années ». L’étude démarrera officiellement mardi prochain avec l’arrivée sur les lieux du groupe d’étudiants. Sous la houlette de Michel Micheau, leur directeur, ces derniers tenteront de s’imprégner de l’esprit de la Cité cheminote, avant d’entamer des réflexions sur les possibilités de rénovation architecturales et urbanistiques, pour enfin, au terme de neuf mois d’étude, formuler des propositions. En juillet 2010, nous serons donc en mesure d’apprécier le résultat de leur travail. Pourquoi faire appel à des étudiants quand on sait que des bureaux d’études spécialisés sont pléthore dans la région ? « L’expérience n’est pas nouvelle pour la Sablière. Nous avons sollicité dernièrement des étudiants pour des logements situés à Bobigny. L’intérêt, c’est d’abord de bénéficier d’une approche pluridisciplinaire. A Sciences Po, dans une même équipe d’étude, il y a des géographes, des économistes, des architectes, des sociologues, ce qui permet de diversifier les points de vue. L’autre avantage, c’est que le cadre universitaire accorde une grande liberté aux étudiants. Ils n’ont pas les contraintes des bureaux d’études. Souvent, les professionnels manquent de temps ou de budget pour réaliser des études originales. Du coup, les projets sont souvent semblables. Faire appel à des étudiants, c’est bénéficier d’idées novatrices. »

 

« Les étudiants ne vont pas faire débarquer les pelleteuses ! »

 

Reste à convaincre les habitants, particulièrement attachés à un quartier aux portes duquel on se bouscule pour trouver un logement : « Je veux rassurer tout le monde, nous n’en sommes pas encore au stade de projet », rétorque M. Le Van. « Ce n’est pas le travail de quelques étudiants qui va faire arriver les pelleteuses du jour au lendemain ! Les professionnels habituels interviendront en temps et en heure. Nous consultons simplement des avis extérieurs pour faire un état des lieux et ouvrir le champ des possibles. Nous avons parfaitement conscience des spécificités et de l’identité de la Cité cheminote. Les habitants, qui sont à 45 % des cheminots, aiment leur quartier. Il est évident que si nous devons entamer quoi que ce soit, les habitants auront été consultés au préalable. C’est à la foi une nécessité et une obligation légale. » L’étude sera financée à 90 % par le bailleur. Le reste sera pris en charge par la communauté d’agglomération Marne et Chantereine, partenaire de l’opération.

Publié dans territoire

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