Victimes de la sécheresse : la conviction des élus se lézarde

Publié le par Ludovic Francisco

Les élus n’en menaient pas large, mercredi, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle ils ont admis ne plus trop savoir quoi faire pour rassurer les sinistrés de la sécheresse de 2003... et de ses répliques plus récentes.

 

"On nous méprise". "On se bat contre des moulins à vent". "On est arrivés au bout de ce qu’on pouvait faire". L’aveu d’impuissance des élus fait peine à entendre : de leur propre aveu, les actions menées depuis plusieurs années dans le but de dédommager les sinistrés de la sécheresse, face à ce qu’ils nomment "l’inertie de l’Etat", s’est rélévé infructueux. A l’échelon local d’abord, avec la mise en place d’une coordination départementale, rassemblant une soixantaine de communes non-reconnues en état de catastrophe naturelle, qui n’a pas obtenu les résultats escomptés... "Notre devoir d’élu était de ne pas laisser les sinistrés seules face à un mastodonte. Mais malgré nos efforts, nous n’aboutissons pas", reconnaît le maire PS de Villeparisis, José Hennequin. Même constat d’échec de la part de la sénatrice PS Nicole Bricq : "A chaque fois qu’une loi de finance a été votée, nous avons tout fait pour obtenir une aide en faveur des sinistrés. Sans succès..." Dans la salle, les quelques sinistrés présents à la conférence de presse n’osent même pas broncher. "C’est de notre faute, lâche une femme. On ne s’est pas rendu compte du désastre au départ. Nous aurions dû nous mobiliser plus activement". La Seine-et-Marne, comme l’Essonne, le Loiret, les Pyrénées-Orientales ou le Gers, a été durement frappée par les sécheresses successives de 2003, 2008 et 2009. Plusieurs centaines d’habitations, du nord au sud du département, ont été fragilisées, voire détériorées.


"Une gestion injuste et opaque de l’incident"

 

Fissures qui s’agrandissent, sols qui s’affaissent, les dégâts, variables, se chiffrent parfois en centaines de milliers d’euros, à l’exemple de ce Villeparisien qui, pour se défendre, a engagé une action en justice contre l’Etat. Action qui lui a permis d’être indemnisé à hauteur... d’un millier d’euros. Difficile totuefois d’évaluer avec précision le nombre de foyers concernées par ces graves dégâts : "Dans ma commune, une vingtaine de dossiers ont été déposés en 2008, encore plus en 2009, affirme Bernard Corneille PC, conseiller général et maire PC d’Othis. A défaut de pouvoir aider ces personnes, nous espérons convaincre l’Etat de débloquer un fonds d’urgence afin de venir en aide aux cas les plus problématiques. Notre demande est sur le bureau de Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur". "Le dossier de la sécheresse a été géré par l’Etat d’une façon totalement injuste et opaque, juge la sénatrice Bricq. C’est l’objet d’un rapport que nous avons transmis début avril au gouvernement. Les sinistrés ont été sacrifiés sur l’autel des considérations budgétaires. D’un département à un autre, d’une commune à une autre, la procédure d’indemnisation a été très inégale. Tout ce que nous pouvons assurer aujourd’hui, c’est que cette situation ne se renouvellera pas et qu’à l’avenir les fonds seront mieux répartis". Pas sûr que cette garantie console les victimes de la sécheresse... Mais les sinistrés seine-et-marnais n’abdiquent pas. Le 19 juillet, ils ont rendez-vous en préfecture pour faire entendre leur cause. "Il ne faut pas lâcher le morceau !", fait mine de croire Jean Prigent, président du collectif de défense des sinistrés de Seine-et-Marne. Les dieux l’entendent...

Publié dans politique

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