Incertitudes autour du projet d’aménagement du Fort de Vaujours

Publié le par Ludovic Francisco

Le site de l’ancien commissariat à l’énergie atomique (CEA) accueillera-t-il un jour une activité économique ? Pour l’exploitation du gypse, peut-être. Pour le projet d’aménagement défendu par la communauté d’agglomération, en revanche, rien n’est moins sûr.

 

Les sols du Fort de Vaujours abriteraient-ils des sables mouvants ? Tout porte à le croire, alors que les négociations autour de la vente des 45 hectares de terrain ne cessent de s’enliser. Les différents acteurs concernés ne parviennent pas à s’entendre sur des modalités satisfaisantes pour tous. D’un côté, les propriétaires des différentes parcelles : le ministère de la Défense et le commissariat à l’énergie atomique (CEA). De l’autre, les candidats à l’achat. Parmi elles, plusieurs entreprises plâtrières d’abord, dont les multinationales Placoplâtre et Lafarge, qui entendent poursuivre l’exploitation du gypse sur cette zone. La communauté d’agglomération Marne-et-Chantereine ensuite, qui relaie depuis plusieurs années la commune de Courtry dans son souhait d’implanter une zone d’activités à cet endroit. Il faut dire que le lieu est particulièrement attrayant : situé non loin de l’aéroport de Roissy, il est desservi par la RN 3 et l’A 104.

Les collectivités et les entreprises s’étaient entendus

Pour ne pas menacer leurs intérêts réciproques, les différents candidats se sont rapidement entendus sur un partage de la zone, « un bon compromis », selon Philippe Cortial, cadre de Placoplâtre : 30 hectares devaient donc être réservés à l’exploitation du gypse, les 15 restants à la création d’une zone d’activités. Marne-et-Chantereine souhaiterait voir s’y établir une à quatre entreprises de fabrication de pièces détachées, susceptibles de pourvoir au total 300 à 600 emplois. Problème : depuis le départ du CEA en 1997, le terrain, officiellement à vendre, a été reconnu comme « pollué ». Des analyses de la Drire (direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) ont en effet montré que le sol présentait, au-delà de 50 cm de profondeur, une « contamination » par des « substances radioactives » (uranium appauvri) et surtout des « résidus d’armement » (munitions, poudre, explosifs). Dans ces circonstances, la vente devient impossible... sauf à faire réaliser une décontamination en règle.


Décontaminer, d’abord...

 

C’est cette décontamination que l’Etat ne semble pas disposé aujourd’hui à effectuer. Pour des raisons aisément compréhensibles : les dépenses engagées dans une telle opération outrepasseraient largement le prix de vente du terrain... C’est dans ce contexte peu évident que les discussions ont cours depuis plusieurs mois entre vendeurs et acheteurs. Mais le courant ne semble pas passer très bien... Pour les plâtriers, les négociations sont au point mort depuis deux ans. M. Cortial, Placoplâtre : « Notre intérêt pour ce site n’est un secret pour personne. Il se situe à proximité d’un de nos sites de production et de formation. C’est un dossier très imposant, éminemment complexe, et qui avance excessivement lentement, il faut le reconnaître. » Toutefois, l’exploitation du gypse, reconnue d’intérêt national, semble constituer un argument de poids en faveur des groupes de matériaux de construction. Qui se révèleraient également les plus offrants. Entre l’Etat et la communauté d’agglomération en revanche, il semble y avoir comme de la friture sur la ligne... « Il y a eu des péripéties », admet volontiers Michel Jeanjean, sous-préfet de Torcy.

« Nous ressentons des réticences »

« Les négociations ne se passent pas comme nous le voudrions », confirme quant à lui Jean-Jacques Marion, président de Marne-et-Chantereine. « Nous ressentons des réticences. Aujourd’hui, nous demandons simplement à l’Etat de respecter la loi et de dépolluer. Si l’Etat n’est pas prêt à nous laisser réaliser une zone d’activités, je ne vois pas très bien comment il pourrait autoriser l’exploitation du gypse. La loi doit s’appliquer à tous. Un site comme celui-ci doit être dépollué, dans tous les cas de figures. Nous sommes prêts à financer des études en ce sens, si bien entendu le prix du terrain est revu en conséquence. Mais si on considère en haut-lieu qu’il y a un intérêt national à laisser le Fort de Vaujours à l’exploitation du gypse, qu’on le dise clairement. » Le président de la communauté d’agglomération a prévu d’écrire à Hervé Morin, ministre de la Défense, pour « éclaircir la situation ». Affaire à suivre...

Publié dans territoire

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